Daniel Bouvier, président de la Fnaca, section de Faramans

Récipiendaire de la médaille militaire pour services rendus à la Patrie,

au service de la France, pendant la guerre d'Algérie.

Vous êtes natif de Faramans et avez reçu la médaille militaire le 5 novembre dernier.

Oui, je suis né ici, le 17 août 1938. Fils d'agriculteurs. Et je suis toujours resté au village, excepté du 3 septembre 1958 à Noël 1960. Deux années dont je suis revenu fatigué, très fatigué, et je le suis encore. Les parents s'en sont vus pendant qu'on était à la guerre ! Tous les jeunes des fermes agricoles sont partis en même temps ; ça a manqué au pays. Quand j'ai été appelé, je ne suis parti qu'avec une chemise blanche ; mon père m'avait dit : « T'inquiète ! Là-bas, ils vont t'habiller ». Je l'ai gardée une semaine... ma mère a du la jeter tant elle était incrustée de crasse.

Comment ça se passait, là-bas ?

J'ai été envoyé directement à Alger et intégré au Centre d'Instruction d'Arme Blindée Colonial (C.I.A.B.C.) du Lido ; après 2 mois de classe, j'ai suivi une instruction de pilote char M24 (le mien s'appelait « Caulaincourt »), puis j'ai été affecté à Timgad, dans les Aurès, au 4^ème régiment des chasseurs d'Afrique. C'était vraiment le bled ! Nous sommes restés des mois sans électricité ! Nous étions chargés du maintien de l'ordre, de la « pacification ». Nous faisions beaucoup de recensement, pour savoir si les autochtones ne partaient pas chez les fellaghas. J'ai aussi monté la garde auprès d'un bordj, qui servait de centre médical pour les locaux. Mais ces mots ne signifient pas grand chose par rapport à la réalité : nous risquions notre vie, et certains d'entre mes camarades l'y ont laissée. C'était une guerre qui ne disait pas son nom.

Et votre retour en France ?

Je suis revenu à la ferme, et j'ai fait la connaissance de la jolie secrétaire de mairie de Faramans, qui est devenue mon épouse. C'est le 22 mars 1979 que j'ai créé l'antenne de la Fnaca (Fédération nationale des anciens combattants d'Algérie). Son siège social était (et est toujours) au Café Marion. Ses objectifs ? Entretenir et renforcer les liens de camaraderie et de solidarité entre les anciens d'Algérie, Maroc et Tunisie.

Une anecdote... savez-vous comment nous surnommaient les anciens des deux guerres mondiales ? « Les petits guerriers »...

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